Une vielle photo de mon grand-père, ma soeur et moi, Jan. 98, Pays-Basque.

Georges à 94 ans. Ma grand-mère, Huguette, 88 ans. Comme pour Georges, elle a un rapport compliqué avec cet objectif dirigé vers elle. Quand j’essaie d’en discuter avec eux, ils répondent qu’ils ne sont "pas intéressants à regarder". Ne pas être à l’aise devant un appareil photo, c’est plutôt commun. Mais ne pas se trouver intéressant, ça traduit un rapport particulier avec soi à cet âge-là. Peut-être qu’ils ne se trouvent pas intéressants sur plein d'autres points.

Noël implique toujours du temps passé ici, dans la cuisine, chez mes grands-parents dans le sud. Une RADIO AKAI y trône, achetée avec sa prime de départ à la retraite, dans les années 80. On a pas vraiment le droit d’y toucher.

La cuisine est figée dans le temps. On lave à la main, dans une bassine, pour ne pas user le lave-vaisselle. Les angoisses d'un autre-temps aussi, celui de l’après-guerre où chaque objet a une valeur inestimable.

Et le bruit continu de la télé en fond, toujours allumée le soir. Georges n’entend pas tout le temps, mais il regarde. Parfois il décroche. C’est souvent bruyant chez nous. Je suppose que ce doit-être fatiguant. Me demande où il va dans sa tête.

Dans la salon il y a une statut de du chien de George, Leïca, surement l’amour de sa vie.

Cet hiver, j’avais beaucoup de travail la journée. C’est donc souvent le soir que je sortais prendre l’air et quelques photos. Il y avait des atmosphère me rappelant les photos Greg Girard.

Finalement, après chaque séjour, il en ressort qu’on à du mal à partager des choses ensemble. On n’arrive pas à communiquer. Deux existences nous séparent, les leurs. Mais à chaque fois qu’on part, ils ont cette habitude de pleurer. C’est parfois frustrant, mais c’est comme ça, c’est justement leur manière de communiquer.

Donc voilà, c’était notre Noël. Même si nos relations sont compliqués, un jour il ne restera que cette chaise. Mes grands-parents seront partis. Et puis à notre tour on fera de notre mieux.